SYMPOSIUM INTERNATIONAL

Organisé par le CIDEF (Centre International de l'Enfance et de la Famille)

Programme CEDRATE - 6 - 8 mars 1997, Paris


LES ENFANTS

DE LA GUERRE

Devenir, mémoire et traumatisme


  • Compte-rendu par Bernard DORAY

  • Synthèse des débats


    LES ENFANTS DE LA GUERRE AU NICARAGUA

    Santiago SEQUEIRA MOLINA

    La paix est revenue au Nicaragua en 1990. Après une décennie de guerre, les chiffres officiels portent sur :

    . 1098 jeunes entre 15 et 19 ans, assassinés, 18.655 blessés et handicapés et environ 1.545 disparus.

    . 457 mineurs de 15 ans assassinés.

    . 13.900 orphelins, dont 85% de père, 10% de mère, 5% des deux parents.

    . 200.000 enfants de moins de 15 ans réfugiés dans d'autres pays.

    . 100.000 enfants de moins de 15 ans déplacés " internes ".

    Ces chiffres ne tiennent pas compte des appelés au service militaire, ni des " recrutés forcés " par la résistance nicaraguayenne, de moins de 18 ans tués, blessés ou disparus, ni des enfants engagés en bas âge, 10-12 ans, dans les deux armées, démobilisés, compte tenu des accords de paix et pour lesquels aucun programme de réinsertion n'a été prévu.

    La " réinsertion sociale " des affectés par la guerre (démobilisés, familles déplacées, familles rapatriées, handicapées, etc...), s'est faite en même temps que le gouvernement initia, un programme d'ajustement structurel qui a aboli tous les programmes sociaux existant auparavant, qui pour la plupart, étaient orientés vers les victimes de guerre, et en priorité, vers les enfants.

    Comme conséquence de " la politique d'ajustement économique ", le taux de chômage est monté à 60% de la population active, (à 80% dans certaines régions) ce qui a produit une nouvelle vague d'émigration des champs à la ville, et aux pays voisins et ailleurs, favorisant l'éclatement des familles déjà bouleversées par la guerre : à la perte des membres de la famille, pendant les hostilités, s'ajoutent actuellement une nouvelle " hémorragie " cette fois migratoire qui oblige les familles à des restructurations : fréquemment on trouve la grand-mère maternelle ayant à charge plusieurs enfants dont les parents ont émigré.

    Or, pendant la guerre, très souvent ces mêmes parents étaient absents du foyer familial, soit parce qu'ils appartenaient à l'une des deux armées, soit parce qu'ils remplissaient des fonctions politiques ailleurs ou même, soit parce qu'ils avaient quitté le pays. C'est à dire qu'au cours de leur enfance, beaucoup de jeunes ont " perdu " de vue au moins deux fois leurs parents !

    Tout le monde connaît les effets psychosociaux de la guerre sur les enfants, je n'insisterai donc pas sur ce point.

    Les réactions sociales envers les familles des survivants me semblent aussi importantes que la détresse psychologique ou psychosociale car toutes contribuent à maintenir la souffrance.

    D'une part, il s'est produit une " stigmatisation " des survivants et ce, surtout dans les villes. Ils sont soupçonnés d'être responsables de tous les maux sociaux, délinquance, accoutumance à la drogue, prostitution. Ce soupçon est aussi porté sur leurs enfants et se reflète à l'école, où les professeurs et les élèves les rejettent, amenant l'échec scolaire et la " callejización " (mise en bande dans la calle : rue). Il y a de plus en plus d'enfants de et dans la rue. Il va de soi que le taux de chômage et la privatisation de l'éducation sont aussi responsables.

    D'autre part, la politique des gouvernements a été " d'invisibiliser ", (de rendre invisibles) les victimes, dont les enfants au nom de la réconciliation, de l'oubli et du développement.

    En ce qui concerne l'école et la santé, auparavant les enfants affectés directement ou indirectement par la guerre, traumatismes psychiques, handicapés, orphelins, avaient un accès prioritaire aux aides de l'Etat par des pensions, des aides sociales aux parents, un accès gratuit aux services de réhabilitation. Les adultes avaient ces mêmes avantages qui par la suite ont été supprimés.

    Au Nicaragua, être " victime ou survivant de guerre " n'est aucunement payant : le ou la victime préfère inventer une fausse histoire personnelle pour les années de guerre.

    Pour les enfants, en plus des effets non résolus des affectations de la guerre, les effets sociaux décrits (plus haut), contribuent en partie à créer :

    - une identité négative dans laquelle prédomine un sentiment de honte comme par exemple le cas de Carlitos : Carlitos, âgé actuellement de 13 ans, et habitant dans une ville du nord du pays, fut grièvement blessé lors d'une embuscade, il y a 9 ans. A l'école, ses copains ne croyaient pas à son récit et ses professeurs non plus, malgré les cicatrices de son corps, on le prenait pour " l'enfant fou " qui aimait inventer des histoires. Il a fini par quitter l'école.

    - les rapports avec les parents s'avèrent difficiles, les enfants leurs reprochent " la mauvaise vie " vécue, l'insuffisance de la protection mais aussi le ratage de leurs projets, historique ou de vie.

    - face aux institutions, ils expriment la plus grande méfiance, ils se considèrent abandonnés et/ou persécutés et/ou exclus.

    La formation de " pandillas " (bandes de jeunes) est devenue un problème national, ces " pandillas " favorisent les actes violents (ce n'est pas un hasard si les écoles sont souvent attaquées), l'accoutumance à la drogue, la délinquance et la violence sexuelle.

    Un dernier mot : le taux de suicides augmente chaque année au Nicaragua. De 2,7 pour 100.000 hb en 1989, il est passé à presque 8 pour 100.000 hb en 1996. Les statistiques des deux premiers mois de cette année montrent une progression encore plus accélérée qu'aux deux premiers mois de 1996. Pour la plupart, ce sont de jeunes de moins de 25 ans. Au niveau du gouvernement, il n'existe aucun programme de prévention, de récupération ou de réhabilitation.

    Conclusion

    Le 10 janvier, un nouveau gouvernement s'est installé à Managua. La seule politique envisagée en faveur des enfants est la création d'orphelinats et de maisons de " rééducation ". Or, les blessures du conflit restent encore ouvertes, tant au niveau individuel que social. Quelques organismes non gouvernementaux essaient d'apporter un peu de " baume " favorisant ainsi la solidarité communale. Tout près de chez nous, au Salvador, et au Guatemala, les populations vivent aussi un processus de paix. Les trois pays ont les mêmes problèmes, le même manque de ressources humaines et l'absence de programmes pour les survivants.

    Il nous est nécessaire de :

    1) " Sensibiliser " les gouvernements et la société civile pour la prise en charge des problèmes des enfants affectés par la guerre.

    2) Promouvoir la formation de professionnels et d'agents communautaires qui puissent effectuer un travail de prévention et soigner les enfants affectés.

    3) Appuyer la recherche, tant fondamentale qu'opérationnelle.

    4) Rien ne pourra se faire sans l'aide internationale, parce que les pays sont appauvris par des années de guerre, leurs économies subissent des ajustements et leur endettement draine leur peu de ressources.


    CIDEF CENTRE INTERNATIONAL DE L'ENFANCE ET DE LA FAMILLE
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    1 Michèle Bertrand, Du Trauma au récit : approche psychanalytique

    2 Pollak, M., 1990, L'Expérience concentrationnaire. Essai sur le maintien de l'identité sociale, Paris, Métailié.

    3 Young, A., 1995, The harmony of illusions. Inventing post-traumatic stress disorder, Princeton, Princeton University Press.

    4 Voir à cet égard son article bref, mais éclairant : Ricoeur, P., 1991, " Evénement et sens ",
    Petit, J-L-, éd., L'événement en perspective, Collection Raisons Pratiques, n°2, Paris, Editions de l'EHESS, 41-56.

    5 Laurent Thévenot a développé la notion " d'investissement de forme " dans le cadre de l'étude des entreprises. Il s'agit de l'ensemble des moyens (standards, conventions, normes, terminologie, nomenclatures, outils d'objectivation,...) par lesquels les acteurs, et notamment les directions d'entreprise, investissent pour représenter la réalité du travail et, du même coup, guider et coordonner les différentes activités, et en circonscrire les comptes-rendus légitimes. Cette perspective a le mérite, dans le cadre de notre réflexion, d'inscrire les activités discursives des différents acteurs dans un cadre plus général de " mise en forme " de la réalité. Voir Thévenot, L., 1985, " Les investissements de forme ", in Conventions , Cahiers du Centre d'Etudes de l'Emploi, PUF, 21-72.

    6 Concernant le rapport aux individus établi par les médecins dans le cadre d'expertises médicales, ou de la fabrication de statistiques médicales, on pourra se reporter à mon ouvrage, tiré d'une enquête sur la médecine du travail (Dodier, N., 1993, L'expertise médicale. Essai de sociologie sur l'exercice du jugement, Paris, Métailié). La tension entre singularité individuelle et codage statistique est analysée dans une perspective historique par Alain Desrosières dans une genèse des outils contemporains de la statistique (La politique des grands nombres. Histoire de la raison statistique, Paris, La Découverte, 1993).

    7 Pollak, op.cité.

    8 Voir Ricoeur P., 1990. Soi-même comme un autre, Paris, Seuil.

    9 Op. cité, p.200.

    10 Pollack, op. cité.

    11 Sur la mise en regard des contraintes d'objectivité et d'authenticité dans la manière dont des personnes évaluent des objets (preuves judiciaires, preuves scientifiques, oeuvres d'art etc.), voir Bessy, C., Chateauraynaud, F., 1995, Experts et faussaires. Pour une sociologie de la perception, Paris, Métailié.

    12 C'est un point que j'ai pu observer dans une entreprise acquise à des techniques de communication qui visaient, selon des dispositifs inspirés par certaines théories psychologiques, à développer, chez les salariés des compétences " relationnelles " se traduisant notamment par l'évitement systématique des propensions à mettre en cause autrui en cas d'incident ou d'accident. Voir Dodier, N., 1995, Les hommes et les machines. La conscience collective dans les sociétés technicisées, Paris, Métailié (surtout le chapitre 4 : " Causalité, responsabilité, et culpabilité ").

    13 Op. cité.

    14 On rappellera ici l'exemple, analysé par Isabelle Baszanger dans un ouvrage récent (Douleur et médecine. La fin d'un oubli, Paris, Seuil), des consultations médicales pour douleur chronique, caractérisées justement par le développement, depuis quelques années de tentatives pour dépasser les approches objectivistes liées au paradigme classique de la médecine clinique. Là encore, la mpture avec l'objectivation ne crée pas d'emblée, en soi, les conditions pour une expérience apaisée des personnes face aux spécialistes, mais déplace sensiblement leur expérience du traumatisme.

    15 Il faudrait bien d'autres développements pour Waiter de la question pouffant essentielle de la traduction de ces dispositifs de mise en forme dans les cultures auxquelles appartiennent les victimes. Tous ces dispositifs n'ont un sens, du point de vue de celles-ci, que situés dans le cadre des ressources par lesquels, dans leurs sociétés, est habituellement abordé le malheur des individus (ce qui est dicible et ce qui ne l'est pas, à qui l'on parle, comment, dans quels buts, etc.). Voir sur ce point les travaux classiques d'anthropologie du malheur, dont on trouvera une présentation, entre autres, dans Augé, M., Herzlich, C., 1984, Le sens du mal. Anthropologie, histoire et sociologie de la maladie, Paris, Edition des archives contemporaines.

    16 Sur le développement actuel d'une prise en charge sociale des personnes démunies caractérisée par la réitération, tout au long de l'existence, d'expériences d'intégration à horizon à chaque fois limité, et qui, sans cesse, doivent être faites et refaites, ce qui suppose, à chaque fois, à raconter sa vie, une fois de plus, voir Castel, R., 1995, Les métamorphoses de la question sociale. Une chronique du salariat, Paris, Fayard.

    17 Rédacteur en Chef de la Revue scientifique de la Fondation N.T. Directeur du Centre de Conseil Psychologique aux Familles et des soins médicaux, Hanoi ; Conseiller au Centre d'Information scientifique, Ministère du Travail, des Invalides et des Affaires Sociales de la République Socialiste du Vietnam

    18 La fondation N-T, Directeur : Nguyen Khac Vie.

    19 Nguyen Khac Vien : Identifications et classification préliminaires des symptômes psychopathologiques rencontrés fréquemment chez les enfants dans la période actuelle. Rapport de synthèse : N-T, Age de Raison, 1997

    20 In pensée interrompue est le sous-titre du Rêve mexicain de J.M.-G LE CLEZIO. Cet essai nous interroge sur la destruction de ces cultures amérindiennes. " En abolissant aussi complètement l'identité de ces peuples, de quelles richesses les conquérants européens nous ont-ils privés ? ".

    21 Psychologue. psychothérapeute à Santé Mentale et Comrnunautés, Villeurbanne. Chargé de cours aux Facultés catholiques de Lyon. Chargé de mission à Handicap Intemational et Action Nord-Sud - Lyon.

    22 Emmanuel LETINAS, Humanisme de l'autre homme. Paris, Fata Morgana, colt. Essais, Livre de poche - Biblio Essais, n°4058 . 1990.

    23 Milan KUNDERA, Les testaments trahis. Paris, Gallimard, 1993.

    24 Milan KUNDERA, L'Art du Roman. Paris, Gallimard, 1986.

    25 Piera AULAGNIER, Le droit au secret : condition pour pouvoir penser. Nouvelle Revue de Psychanalyse. n°14. 1976.

    26 Handicap International, ERAC, 14 avenue Berthelot, 69361 LYON Cédex 07.

    27 On trouve toujours des groupes plus exclus que d'autres.

    28 Psychiatre, Hôpital de Jour, 21 rue Jules Ferry, 69200 Vénissieux. Cf Mise en place d'un dispositif de soins psychologiques dans les camps de réfugiés bosniaques. De la blessure psychique à la névrose traumatique, 12è journée de l'hôpital Desgenettes. Ecole du service de Santé des Armées. 18-19 novembre 1993. Lyon - Bron.

    29 Handicap International, op. cit.

    30 A cet égard je voudrais avancer une remarque qui pourrait apparaître comme paradoxale. J'ai pu observer, chez quelques enfants traumatisés, des mécanismes de défense du MOI, par clivage et idéalisation ; notamment quand la réalité a fait effraction dans le MOI, l'obligeant à passer d'un mode d'organisation à un autre. Une partie du sujet souffre, contient la violence fondamentalement irreprésentable et ne se donne plus la possibilité de jouer. Une autre partie, au contraire, déploie une activité compulsive, quasi obsessionnelle, autour d'un surinvestissement intellectuel. L'activité scolaire peut alors être investie sur un mode idéalisé, en relation avec ce que l'enfant perçoit, de l'idéal projeté par ses parents, sur lui-même. Pour se défendre du traumatisme, l'enfant / adolescent se retrouve proche, au niveau de ses identifications, d'un conformisme adaptatif de surface, des idéaux parentaux. Son propre narcissisme est infiltré par le narcissisme parental. Dans ces conditions, les adolescents sont hypermatures sur le plan intellectuel, voire relationnel, mais au contraire très inhibés quant à la poussée libidinale, sexuelle. La réussite scolaire fait symptôme du traumatisme.

    31 Par une ONG, Action Nord-Sud ERAC, 14 avenue Berthelot, 69361 Lyon cédex 07.

    32 Et j'ai ajouté précédemment que le totalitarisme était une forme de guerre parce qu'il terrorise et attaque les liens interpersonnels et intergroupaux.

    33 Francis Scott FITZGERALD, La fêlure. Paris, Gallimard-Folio,1981. p. 476.

    34 Bruno BETTELHEIM, Le coeur conscient. , Paris, Laffont, 1972.

    35 Chercheur à l'Ehess-cetsah. A récemment publié dans Esprit " Srebrenica : il y a un an " (juillet 1996) et a dirigé en 1993 le recueil collectif Vukovar, Sarajevo.... La guerre en ex-Yougoslavie aux Editions Esprit.

    36 C. Borovic and M. Tadic, Monitor, Feb. 11 1994, p. 8 cité dans Norman Cigar, Genocide in Bosnia. The policy of " ethnic cleansing ", USA, Texas A & M University Press College Station, 1995, p. 92.

    37 " Cursing my Turquish Mother " : les témoignages cités dans Spotlight Report citent de façon récurrente cette injure adressée ici aux prisonniers musulmans du Sandjak maltraités en prison depuis 189. Le répertoire des injures qu'entendent les prisonniers déportés, avant d'être torturés et pendant les tortures lient le thème de leur religion et de l'identité politique : " Allah ne vous sauvera pas " , " Où il est ton Alija " (prénom du président bosniaque). On exige qu'ils embrassent la croix orthodoxe, qu'ils chantent les chants nationalistes serbes qui les dévalorisent. Ils ne doivent jamais croiser les yeux des " guerriers serbes ". Les exigences d'avaler un morceau du corps de l'autre ou de soi torturé, de lécher le couteau qui vient de servir avant d'être égorgé, etc.... sont récurrentes.

    38 VSD 869, avril - mai 1994.

    39 En France c'est une équipe du Nouvel Observateur qui va décider de publier les premiers dossiers sur le nettoyage ethnique, dont le dossier Warburton sur les viols, dans Le livre noir de la guerre en ex-Yougoslavie, éd. Arléa, 1993 ; mais c'est un joumaliste américain de News Day, Roy Gutman, qui a le premier dénoncé les viols et les camps de concentration en août 1992, voir R. Gutman, Bosnie, témoin d'un génocide, éd. Desclée de Brouwer, 1994. Les viols sont attestés depuis le début de la guerre en Croatie (1991), mais leur aspect systématique et les pratiques d'enfermement et de grossesses forcées n'ont été perçues que lors de la guerre en Bosnie (1992-1995). L'Unesco a effectué un dossier récent et synthétique (1995) sur ce thème précis, ainsi que Chérif Bassiouni, Sexual violence, an invisible weapon of War in the Former Yougoslavia, Intemational Human Rights Law Institute, De Paul University College of Law 1996, en cours de publication en France. Le premier ouvrage de synthèse sur les viols est le livre collectif édité par A. Stiglmayer, Mass Rape, The War against Women in Bosnia-Herzegovina, University of Nebraska Press, Lincoln and London, effectué sur la base d'un dossier d'enquêtes effectué en Allemagne auprès de victimes (1993) par A. Stiglmayer. Il est impossible de citer l'ensemble des dossiers d'enquêtes concemant la purification ethnique (qui traitent des viols systématiques, soit en les inscrivant dans les tortures sexuelles exercées contre les populations civiles, soit en les étudiant de façon plus spécifique) effectués au plan intemational par des organismes très différents les uns des autres. Le congrès qui s'est tenu à Bonn, Intemational Congress for the Documentation of the Genocide in Bosnia-Herzegovina, 31 août - 4 septembre 1995, a tenté d'effectuer une synthèse de la documentation sur la purification ethnique. L'ensemble des dossiers sur la purification ethnique accorde une place aux viols systématiques.

    40 Une participante à une mission de l'Unesco effectuée pendant l'hiver 1995-1996 sur le terrain nous a assuré que le chiffre le plus élevé était, hélas, plausible.

    41 Cherif Bassiouni, Sexual Violence. An Invisible Weapon of War in the Former Yougoslavia . Occasional Paper n° 1, lntemational Human Rights law Institute. De Paul University College of Law, 1996, p. l.

    42 Voir Zvonimir Separovic, Masonva Silovanja Kao Ratni Zlocin, Documenta Croatica, Zagreb 1993, et Psycho-social Help to War victims: Women Refugees and their Families from Bosnia-Herzegovina and Croatia, editor, L. T. Arcel, V. Folnegovic-Smalc, D. Kozaric-Kovacic, A. Marusic, IRCT, International Rehabilitation Council for Torture Victims, Zagreb, 1995.

    43 La répression s'est accentuée à partir de 1987-1989 à l'encontre des populations non serbes en Serbie même, mais aussi au Sanjak, en Vojvodine, et surtout au Kosovo. Les enquêtes des organisations humanitaires et celle des organisations de défense (les droits de l'homme en témoignent. Citons celle-ci : Spotlight on Human Rights Violations in Time of Armed Conflict, Humanitarian Law Center, Belgrade, 1995, travail courageux et remarquable.

    44 Au Colloque Intemational sur la documentation concemant le génocide en Bosnie (Bonn, septembre 1995), un participant qui proposait une analyse de contenu des discours de Karadjic citait une de ses phrases prononcée en 1994, au moment du plus grand succès de la Grande Serbie : « Lorsque nous aurons achevÈ notre premiËre mission fie nettoyage ethnique), il faudra envisager l'Èpuration ethnique intellectuelle des Serbes. » Comme quoi la pureté " ethnique " est parfois politique.

    45 Témoignage d'un rescapé de Srebrenica échappé d'un charnier en juillet 1995 au Tribunal pénal international de La Haye (juillet 1996).

    46 Voir les chapitres de Xavier Bougarel concemant les relations de voisinage en Bosnie dans Bosnie, anatomie d'un conflit, éd. La Découverte, Paris, 1996.

    47 Voir Stanco Sterovic L'information est-elle possible face à la propagande ? in Dialogues et Documents pour le progrès de l'homme, Documents de travail de la Fondation pour le progrès de l'homme, n° 64, 1994, cité dans Dernière Guerre balkanique sous la direction du général Jean Cot, p. 171 (R. de la Brosse " Les voix de la guerre ").

    48 Dragoljub Maslic, ancien rédacteur à la télévision de Sarajevo, actuellement journaliste à 0slobojenie serbe à Pale a publié cet article en février 1996 dans ce joumal. Traduit dans Convergences Bosnie Herzégovine n°4, p. 17, avril 1996.




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